À partir de 324, selon certains auteurs antiques, Alexandre aurait voulu être honoré en Grèce comme « Dieu Invaincu », conjointement à l'édit sur le retour des bannis dans les cités[212]. Les finances sont confiées au Grec Cléomène de Naucratis qui connait déjà bien le pays[156]. Ce geste[N 18] est le premier d'une longue liste qui illustre la volonté du roi de frapper les imaginations en se faisant passer pour le nouvel Achille, sans qu'il soit possible de savoir s'il est sincèrement pénétré de la fierté d'appartenir à la race du héros ou s'il s'agit d'une simple gestuelle théâtrale à destination de ses soldats et des peuples d'Asie Mineure et de Grèce. Dans la « terre tributaire », les paysans sont soumis à de nombreux prélèvements[300]. Les Gréco-Macédoniens ne représentent guère que la moitié des effectifs militaires. Ainsi, rien que pour garder les trésors royaux, Alexandre laisse 6 000 hommes à Ecbatane. ». La cuirasse de 15 kg et le bouclier de 1 mètre de diamètre, qui alourdissent les hoplites grecs, ont été abandonnés à l'initiative de Philippe II. Dans le Große Seelentrost, écrit en bas allemand au XIVe siècle, Alexandre est vu comme un personnage cupide et cruel dont la soif de conquête le mène à sa perte, car il a franchi les limites fixées à l'homme. Toutefois, Memnon parvient à se réfugier à Halicarnasse dont le roi Pixodaros, frère de Mausole, s'est rangé du côté des Perses.
Là, Alexandre organise des noces massives : ses soldats épousent des femmes perses et lui prend pour femme une fille de Darius. Ce nom, qui signifie littéralement "tête de bœuf" en grec, laisse la place à différentes interprétations sur l'aspect physique de l'animal. Il conserve les cadres administratifs de l'empire perse[287], dont les satrapies, tout en cherchant à se concilier l'aristocratie perse, comme le montrent la rénovation du tombeau de Cyrus ou les noces de Suse[287]. Tombeau... Dès sa mort, il sera partagé entre ses généraux. Alexandre pénètre en Paraitacène (actuelle région d'Ispahan), soumet la population et fonce sur Ecbatane pour y apprendre que Darius vient de s'enfuir trois jours plus tôt avec environ 9 000 hommes dont 3 000 cavaliers. De cette version du Pseudo-Callisthène dérivent la plupart des Légendes, Vies, Romans, Histoires ou Exploits d'Alexandre qui se multiplient à partir du Ve siècle[321]. L'apogée de cette appropriation se situe à l'époque de la dynastie des Paléologues (1261-1453), originaire de Macédoine, au moment où se déroule un « éveil national » en Grèce. Hégéloque est chargé de délivrer Lesbos, Chios et Cos, tandis qu'Amphotère reçoit le commandement de la flotte de l'Hellespont[A 40]. Il dépose une couronne d'or sur le tombeau d'Alexandre et pendant longtemps utilise un sceau à l'effigie d'Alexandre[328]. J.-C. Il se rend ensuite dans l'oasis de Siwa où il rencontre l'oracle de Zeus Ammon qui le confirme comme descendant direct du dieu Amon. Il devient roi de l’Asie. Les fragments, exceptés ceux qui sont trop lacunaires et l'histoire de Callisthène, sont édités en bilingue avec la numérotation de Jacoby dans Historiens d'Alexandre (trad. La thèse de Paul Goukowsky, Essai sur les origines du mythe d’Alexandre (1978-1981), a renouvelé l'étude en posant la question du pouvoir, de l'éthique et du merveilleux[58]. Il organise une expédition jusqu'aux Portes Caspiennes et lève une légion gratifié du nom de « phalange d'Alexandre »[330]. J.-C.
La troupe met deux mois pour accomplir 700 km entre la vallée du Purali et Pura. Une autre hypothèse met en cause Darius III, roi de Perse depuis 336. Il est possible qu’Alexandre ait voulu affirmer son pouvoir face à une population peu encline à se rallier à lui. Plutôt que de poursuivre Darius, Alexandre décide de continuer ses conquêtes en Syrie. Il peut se laisser emporter par une fureur (ménos) qui conduit à l'hybris, la démesure[253], et se montrer d’une grande cruauté comme le révèlent de nombreux épisodes : la destruction de Thèbes, le massacre des mercenaires grecs vaincus au Granique, les exécutions de Parménion et de Philotas, le meurtre de son ami Cleitos (quand bien même serait-il saoul de vin), la crucifixion du médecin qui n'a pas su sauver Héphaistion, le massacre des Cosséens en guise de sacrifice après la mort de son favori. Il reçoit aussi des ambassadeurs de Carthage, d’Italie. Il apparaît plus probable qu'Alexandre ait fondé une vingtaine d'Alexandrie. Dans le même temps, au printemps 331, Memnon, gouverneur de Thrace, se révolte contre la tutelle macédonienne probablement avec le soutien d'Agis III. Cette armée est formée d'une phalange, à la fois puissante et mobile, d'une cavalerie lourde, véritable force d'assaut, d'une cavalerie légère, rapide à la manœuvre, de tirailleurs, utiles pour le harcèlement, et d'engins de siège, efficaces pour la prise des places fortes[129].
La question des relations intimes entre Alexandre et son favori Héphaistion reste de nos jours sujette à la controverse[N 45], une tradition historique faisant d'Héphaistion l'amant du roi[270]. Suétone rapporte que César, voyant un portrait d'Alexandre dans un temple, se désespère car, à l'âge où Alexandre a soumis le monde, il n'a encore rien fait de mémorable[A 124]. Néarque avec une flotte d’une centaine de navires, 2 000 marins et 12 000 soldats, est chargé de rouvrir la route maritime entre l’Indus et l’embouchure du Tigre et de l’Euphrate. Finalement, alors que le processus de décolonisation commence, l'historien René Grousset écrit en 1949, dans Figures de proue. C’est la débandade pour les troupes perses. Il introduit dans le forum de Rome des portraits réalisés par Apelle[325]. En sept jours depuis Gaza il atteint alors Péluse. Elle adopte Alexandre comme son fils, faisant de lui son héritier. Il affirme qu'Alexandre a préparé l'émergence d'une « religion mondiale » et qu'il est le fondateur d'une ère nouvelle à l'origine d'une civilisation qui perdure jusqu'à la chute de l'Empire byzantin en 1453[60]. La scène, réelle ou non, laisse en tout cas augurer les déchirements qui vont opposer ses principaux généraux, les Diadoques, à propos de la succession d'Alexandre. J.-C., Philippe II est assassiné pendant la cérémonie de mariage de sa fille Cléopâtre avec le roi d'Épire, Alexandre le Molosse, frère d’Olympias. Lorsqu'il débarque en Asie, il plante sa lance dans le sol, signifiant qu'il compte faire des domaines du Grand Roi perse la « terre conquise par la lance » (gè doriktétos)[131],[A 31]. En 324, Alexandre épouse Stateira, la fille aînée de Darius III, et Parysatis, la fille d'Artaxerxès III. Il fait tuer ses ennemis potentiels et rase la ville de Thèbes. Les citoyens d'Alexandrie vénèrent le tombeau du glorieux fondateur comme un sanctuaire[319]. Il entend aussi s'affranchir de la tutelle d'Antipater, qu'il a désigné régent de Macédoine, et acquérir un prestige militaire qui lui permettrait de supplanter Parménion et son encombrante famille[125].